Jenny Holzer

jenny-holzerRepères biographiques

Héritière de l'art minimal et de l'art conceptuel, influencée par les découvertes de l'écriture féminine, libérée de l'idéologie patriarcale, cette artiste américaine trace et développe, depuis les années 80, une logique artistique aux confins de la parole, du corps et de l'espace.
Le language est en effet le véhicule de sa pensée plastique, les mots, la phrase, le texte sont à la base de son vocabulaire formel. Horizontale ou verticale, en formation carrée ou rectangulaire, imprimée ou électronique, la phrase s'accorde à tous les supports et s'adapte à tous les espaces, publics ou privés. Le flux de l'écriture, comme toute parole personnelle, incarnée prend corps.
Les textes de Jenny Holzer sont une combinaison explosive de rhétoriques contradictoires. Elle cherche en effet à dissimuler l'identité et le genre de l'auteur. Ce mélange des genres, ce passage du féminin au masculin, est particulièrement troublant dans les derniers textes consacrés à l'enfance et à l'adolescence. Son art se caractérise également par le contraste entre un langage formel banal, quotidien, neutre, et un discours personnel, poétique, sincère, qui est une réflexion sur la condition humaine. La force de son art est de s'être immiscé dans les nouveaux espaces urbains de signalisation.
Ses premiers textes étaient imprimés sur des affiches collées sur les murs de Manhattan. Cette approche épidermique de la ville, se retrouve dans les projections de textes qu'elle fait aujourd'hui sur les monuments, les fleuves, les façades. Ecrire sur la peau des villes ou des corps, comme elle le fera pour « Lustmord », le texte de 1993 consacré au viol, témoigne de l'enracinement de son travail avec le corps. La langue est en effet pour elle liée au corps, à son intimité. Si les premiers textes tendaient à l'universel, au politique, au social, elle s'oriente de plus en plus vers une écriture personnelle, lyrique, poétique, cherchant à atteindre une dimension universelle, tout en s'ancrant dans une expérience subjective.
Ses derniers textes sont particulièrement axés sur des descriptions précises, de membres, de morceaux de peau. La dimension Physique de son travail est aussi particulièrement évidente dans les installations de bandeaux électroniques commandés par ordinateur. En effet, les couleurs vives, l'inscription dans l'espace, les rythmes et les vitesses de déroulement des textes, créent une impression très forte sur le spectateur: mélange de vertige et d'hypnose qui lui font perdre tous ses repères.
Holzer pourrait être classée parmi ce que l'on peut appeler les "minimalistes émotionnels", ceux qui conservent un langage formel codifié, simple, répétitif, mais qui, en même temps, s'en servent pour faire passer un message à caractère moral, profondément humain, personnel et universel.

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